

Pourquoi ce phénomène mondial est aussi une opportunité pour la France ?
D’après des premières études réalisées par Villes Vivantes et l’OFCE, 50% à 80% du bilan carbone d’un logement tout au long de son cycle de vie (40 ans) est imputable à sa localisation et aux mobilités que cette localisation induit : c’est là notre marge de manoeuvre la plus grande pour réduire les émissions liées à la construction neuve.
De ce point de vue, la ville dense existante, et la ville dense à venir, sont des points clés d’un territoire sobre en émissions de CO2 : elles représentent les « emplacements bas carbone » dans lesquels nous devrions accueillir les nouveaux habitants si l’on souhaite qu’ils puissent se déplacer en modes doux et diviser par deux leur bilan carbone personnel d’ici 2030.
Ce faible bilan carbone lié aux mobilités du quotidien de la ville dense est à relier aux budgets des ménages : c’est également pour des raisons économiques, et non seulement environnementales, que la densité urbaine apparaît comme vertueuse, pour l’habitant, mais aussi pour la collectivité : la mutualisation des infrastructures et des équipements que permet la densification ne sera sans doute plus une option à l’avenir. Elle sera rendue nécessaire lorsque nous n’aurons plus les moyens de l’étalement urbain.
Quid, dans ce cas, des scénarios de démétropolisation ? Il est intéressant de se pencher sur le cas de territoires comme la Bretagne et le Pays Basque qui accueillent déjà, depuis quelques temps, de tels flux d’urbains qui souhaitent bénéficier d’un cadre de vie plus agréable au quotidien : de petits flux créent déjà de grands effets de spéculation et de dérégulation des marchés locaux de l’habitat.
Si la démétropolisation est « choisie » (si on n’impose pas à chacun dans quel territoire il devra se rendre) alors nous observerons sans doute un renforcement de ces phénomènes, et des tensions qu’ils induisent, car ceux qui se « démétropolisent » choisissent souvent les mêmes lieux de destination… Ce qu’on a pris pour une démétropolisation est souvent, aussi, une littoralisation ou une recherche d’espaces de nature exceptionnels comme les massifs alpins de Savoie et de Haute Savoie.
La métropolisation en cours, observable depuis quelques décennies sur tous les continents, obéit à des ressorts anthropologiques profonds : en 2025 il est difficile pour un individu de faire profondément confiance aux institutions pour garantir la sécurité économique et sociale à moyen et long terme de son foyer. Tant dans le public que dans le privé, chacun souhaite avoir la possibilité de retrouver d’autres options si le besoin s’en fait sentir. Et chacun sait qu’une organisation peut disparaître quasiment du jour au lendemain.
Dans ces conditions, ce sont, sur tous les continents, quelques grandes villes qui tirent leur épingle de ce jeu : dans 10 ans, et même 20 ans, Lyon, Bordeaux, Paris, Marseille seront toujours là, avec leurs centaines de milliers d’options !